Une façon de parler

« Pourquoi ne pas se libérer maintenant et faire de Terrilville un endroit où l’on pourra recommencer sa vie, où tous les hommes seront égaux ?

— Et les femmes aussi. » C’était sans doute la fille de Kelter, pensa Keffria. Ils avaient la même intonation de voix.

Devouchet la regarda avec surprise. « C’était une façon de parler, Eke, dit-il doucement.

— Une façon de parler devient vite une façon de penser. » Elle leva le menton. « Je ne suis pas ici seulement en tant que fille de Pelé Kelter. J’ai un bateau et des filets à moi. Si cette alliance se conclut, je veux de la terre à moi. Les gens de Trois-Navires savent que ce qu’on a dans la tête est plus important que ce qu’on a entre les jambes. Nous, femmes de Trois-Navires, ne céderons pas notre place à côté de nos hommes simplement pour avoir le plaisir de dire que nous faisons partie de Terrilvile. »

Les aventuriers de la mer, tome 8, Robin Hobb

Le « Une façon de parler devient vite une façon de penser » m’a vraiment touchée. C’est tellement vrai. Et pour ça que les clichés sexistes, racistes, homophobes etc (je reviens toujours à ça, eh oui) sont si toxiques : « tu joues comme une fille » c’est juste une phrase, ok, mais si elle est répétée, encore et encore… elle devient problématique, parce qu’intégrée. Parce que « naturelle ».

Un commentaire sur “Une façon de parler

Les commentaires sont fermés