Les personnages féminins dans « Henry Hatsworth »

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Henry Hatsworth et l’incroyable expédition (Henry Hatsworth in the puzzling adventure) est un excellent jeu pour DS, mêlant jeu de plate-forme et puzzle game de façon fluide et sympathique. Il met en scène Sir Henry Hatsworth, vieil explorateur retraité, qui tombe sur un chapeau doré lui rendant sa jeunesse, mais ouvrant du même coup la porte du Royaume énigme, d’où jaillissent des monstres qu’il faudra donc combattre. Mais malgré ses qualités, nombreuses, comme un design en 2D charmant, des personnages principaux attachants, un humour anglais très agréable, tout n’est pas rose.

Et j’utilise rose de manière un peu provocatrice, parce que ce qui me pose problème, ce sont les personnages féminins.

Leur absence n’aurait pas été inhabituelle, de très nombreux jeux ne présentent que des personnages masculins. Non, moi, ce qui m’a dérangée, ce sont les personnages eux-mêmes.

Avant de continuer, laissez-moi vous rappeler qu’on peut aimer ce que l’on critique, et critiquer ce que l’on aime. Ce jeu, je l’aime beaucoup, ça a été un coup de cœur, je le trouve très drôle et bien fait, ça ne doit pas m’empêcher d’en voir les points dérangeants.

Les monstres

Un seul monstre est présenté comme explicitement féminin : cette créature est habillée de rose, a un tutu, fait des pointes de ballerine, et porte un nœud sur la tête. Ca fait beaucoup de stéréotypes, non ? Le syndrome Put a bow on it dans toute sa splendeur. Pourquoi a-t-on besoin à tout prix de sexualiser ce monstre ? L’apparence des autres est définie par leur comportement : les gros à casque et hache frappent fort, les petits en feu explosent, ceux avec une lance… la lancent. Alors pourquoi mettre un nœud sur celui-là ? Puisque son mouvement est très chorégraphique, un tutu aurait suffi.

Sprites des personnages de Henry Hatsworth. La ballerine en question est sur la troisième ligne, cinquième personnage. Illustration de Jay Epperson, directeur artistique du jeu.
Sprites des personnages de Henry Hatsworth. La ballerine en question est sur la troisième ligne, cinquième personnage. Illustration de Jay Epperson, directeur artistique du jeu.

Alors voilà, c’est peut-être pas grand chose, mais j’ai vraiment bondi quand j’ai vu la ballerine. Et cela m’a fait réfléchir au reste :

Les boss

Dans Henry Hatsworth, il y a 4 boss (5, mais très probablement un que l’on va combattre plusieurs fois – je n’ai pas encore fini le jeu). Parmi eux, deux sont des femmes. La première est obsédée par le mariage, et qui, même si elle est mandatée par l’adversaire principal, nous attaque parce que nous refusons sa demande. L’autre est un vieil homme mais surtout son infirmière, une espèce d’énorme créature revêche ultra-protectrice. Les deux sont des clichés sur pattes : les femmes veulent absolument se marier, et les femmes sont possessives et protectrices. Les autres boss sont des hommes, qui eux ne nourrissent pas de clichés sur les hommes : un capitaine de bateau beau gosse rêvant d’être chanteur, et le méchant principal, un arrogant explorateur.

Voilà, je trouve juste dommage qu’un jeu aussi sympathique tombe si aisément dans le piège du cliché…

Et je répète que je l’adore et que voir ses problèmes ne m’empêchera pas de jouer : je veux finir de collecter les vêtements dorés et devenir l’homme le mieux sapé du monde ! (oui oui, sauver le monde aussi, rhoh, rabat-joie)