Le cercle des amateurs d’épluchures de patates

  • Titre originel : The Guernsey literary and potato peel pie society
  • Auteur : Mary Ann Shaffer et Annie Barrows
  • Langue originelle : anglais (Etats-unis)

Janvier 1946. L’Angleterre se relève difficilement de la guerre. L’écrivaine Juliet Dryhurst Ashton cherche un sujet pour son nouveau livre, car celui qu’elle a commencé de lui convient plus. Elle ne veut plus écrire des chroniques humoristiques sous son pseudonyme de Izzy Bickerstaff, qu’elle utilisait pour remonter le moral des londoniens. A travers des lettres à Sidney, son éditeur et ami, à Sophie, la sœur de celui-ci, on suit la vie de cette jeune femme d’une trentaine d’années qui n’a certes pas sa langue dans sa poche !

Elle reçoit un jour une lettre d’un certain Dawsey Adams, qui dit avoir un livre qui lui a jadis appartenu. Il habite dans l’île anglo-normande de Guernesey, et lui demande où trouver d’autres ouvrages de son auteur. Une correspondance s’en suit, où Juliet apprend l’existence d’un groupe, le Cercle des amateurs de littérature et de tourtes aux épluchures de patates de Guernesey. Ce cercle est né d’un mensonge, inventé pour sauver les convives d’un repas interdit : un cochon, celé aux yeux des soldats occupant l’île, et dévoré après le couvre-feu, une raison suffisante pour se faire fusiller.

Et cette histoire passionne Juliet ! Elle cherche à en savoir plus, contacte peu à peu les membres du cercle, chacun lui racontant sa version, sa vie, son île, ses lectures – il s’agit tout de même d’une réunion littéraire ! Jusqu’à ce qu’elle parte elle-même pour Guernesey, afin de rencontrer en chair et en os les protagonistes de son potentiel roman…

Écrit sous formes de lettres, de télégrammes et de pneumatiques, ce roman est une chronique de la vie de l’après-guerre et de celle pendant l’occupation, tantôt effrayante, triste, ou terriblement drôle. Il n’y a pas vraiment d’histoire à suivre, ce sont de petits bouts de vie mis ensemble, qui peu à peu forment un tout.

Chose intéressante : étant donné que l’on suit une romancière, on pourrait s’attendre à une mise en abyme, à ce que le roman que l’on a entre les mains soit celui que Juliet cherche à écrire, mais les auteurs ne tombent pas dans ce piège grossier ! J’ai beaucoup aimé le style d’écriture, très vivant, très différent suivant les personnages.

J’avais commencé à lire ce livre aux alentours de Noël, chez mes parents, parce que mon père le lisait, et que donc naturellement le bouquin traînait dans la maison – ma bibliocleptomanie (1) frappa donc. Arrivée au tiers de l’histoire, il m’avait fallu rentrer chez moi, mes congés se terminant. Quelle ne fut pas ma joie de trouver, six mois plus tard, « Le cercle… » dans la médiathèque de mon village ! J’ai donc enfin pu le finir. J’aurais vraiment manqué quelque chose.

Pourquoi je ne l’ai pas cherché avant ? Euh. J’ai une mémoire de poisson pané (d’aucuns prétendent le contraire, mais s’il est vrai que je peux me souvenir du menu d’un obscur jour d’il y a cinq ans, j’oublie quantité d’autres choses), et je n’avais pas noté le nom. Ou bien je l’ai noté et paumé le papier.

Quoi qu’il en soit, « Le cercle… » est vraiment un excellent roman, et Juliet est un personnage très agréable à suivre, toute en surprise.

(1) ça veut dire que quand je vois un livre, où qu’il soit, je le commence. Voire le déplace – toujours dans une zone raisonnable, le terme « cleptomanie » est peut-être exagéré car je n’ai jamais volé d’ouvrages ! Le nombre de livres qui ont transité des toilettes vers ma chambre est insoupçonnable.

(précédemment publié sur le Griffon Griffonnant en juin 2011, mais ce n’est plus sa place)