Dear Esther

J’avais pris ce jeu dans un Humble Bundle il y a plus d’un an, je l’avais installé, mais je n’avais pas pris le temps d’y jouer. Il y a quelques jours je me suis lancée. Et je ne sais pas trop quoi en penser.

Nous arrivons sur une île, près d’un phare, il ne fait pas très beau et le ciel est tout de même bien lumineux, impossible de déterminer l’heure. Un narrateur commence à nous dire, dans un fragment de lettre à une certaine Esther, qu’il a l’impression d’avoir donné naissance à l’île comme si c’était un calcul rénal. À mesure que l’on avance, le texte se déroule, on en apprend plus. Ce qui est arrivé à Esther, quelle est sa relation avec le narrateur, et puis d’autres personnages sont mentionnés, développés, mélangés…

C’est très joli. En résolution 1920*1080, c’est même beau, une très chouette 3D si on ne s’approche pas trop de certaines textures (ce qui est dommageable, il y a des endroits où je n’ai pas pu lire les textes sur les murs).

Le texte est intéressant, dit de fort belle manière par Nigel Carrington, et par moments il prend aux tripes – bien bien fort. Il est le principal atout du jeu pour moi : c’est une belle histoire.

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Il est dit sur la page Wikipédia du jeu que celui-ci « ne suit pas les conventions traditionnelles des jeux vidéo, car il impose une interaction minimale du lecteur et ne nécessite pas de choix à faire, ni de tâches à accomplir ». C’est à la fois attrayant et frustrant : le concept est étonnant pour un jeu, on se laisse porter, et puis parfois on aimerait tellement cliquer sur les livres pour les lire, ou pouvoir sauter par-dessus ces rochers qu’il faut contourner. Et puis on ne peut pas courir. Totalement logique puisque « Dear Esther » est plutôt contemplatif, mais gniiii parfois.

D’ailleurs, en plaisantant, j’avais dit que le personnage principal devait avoir 80 ans ou une patte folle pour marcher si lentement. Je n’avais pas totalement tort, il dit à un moment qu’il s’est blessé à la jambe et que ça s’infecte. Mais dans ce cas, j’aurais bien vu le perso boiter, pour plus de cohérence – même si ça aurait probablement été insupportable du point de vue du/de la joueur⋅se.

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Personnellement, j’ai du mal avec la nage dans les jeux vidéo. En fait, ça se rapporte à une peur que j’ai dans le monde physique, à savoir que si je ne peux pas poser les pieds sur le sol et qu’en plus je ne peux pas le voir, je panique. C’est nul, je sais. Et ici, il y a eu une ou deux scènes où il faut nager dans une eau incertaine, garder la tête bien au-dessus, et ne pas aller trop loin sinon on plonge et on ne peut rien faire même en spammant la touche Espace pour remonter, et après un fond noir on se retrouve sur la plage. Ben j’aime pas dire ça mais c’est l’Amoureux qui a passé ces scènes :/ Donc si vous êtes sensible au vertige, faites attention. On est obligé⋅e de passer par la mer à un moment, sans s’éloigner trop du rivage, mais quand même.

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Points forts : c’est joli, c’est même très joli (c’est parti comme un mod de Half Life 2, mais ça a été réécrit avec un autre moteur je crois), même si c’est souvent sombre, et l’histoire est bien tournée.

Points faibles : lent. Difficile de rentrer dans l’histoire, perso j’ai dû attendre l’acte 3 sur 4. Contrôles hasardeux dans le dernier chapitre ; je ne sais si c’était voulu pour montrer l’état psy du perso ou bien un bug, mais c’était à la fois pratique (avancer sans rien toucher) et insupportable (marche arrière quand je veux avancer, ou bien simplement impossible de stopper).

Au final, je ne sais pas très bien si je le conseille ou non. Je pense que ça aurait fait un excellent court-métrage, ou une performance artistique dans un musée ou une expo, où l’histoire se déroule à mesure que l’on déambule. Mais pas un jeu. Pour moi, un jeu, c’est interactif. De ce que j’en ai lu, il y a plusieurs chemins et donc suivant les parties certains textes sont lus et d’autres non – mais je n’ai pas ressenti autre chose que de la linéarité sur le coup, je n’ai pas vu plusieurs chemins. J’ai trouvé le script complet (inutile de préciser à quel point ça spoile), et effectivement, soit certains textes ne m’ont pas laissé de traces, soit je ne les ai simplement pas rencontrés.

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Pour aller plus loin :

Les images sont toutes tirées du site officiel – à la base j’avais fait des captures d’écran avec la touche F5 (proposée dans le jeu), mais apparemment les fichiers image n’ont pas été créés. Est-ce lié au fait que la version Linux est une bouteille Wine et pas un « vrai » portage ? Je ne sais pas, hélas.